REVIVRE APRèS L'ABUS...

J'ai grandi dans une petite ville au sud-ouest de l'Angleterre. J'étais un garçon incroyablement timide avec de longs cheveux blonds qui me faisaient ressembler à une fille et à cause de cela j'étais sans cesse taquiné.
Quand j'ai eu huit ans mes parents nous ont emmené mon frère et moi au club de tennis local. Nous sommes devenus très bons et à l'âge de onze ans je gagnais déjà des tournois.
Quand j'ai eu environ treize ou quatorze ans, il était clair que j'avais besoin d'un entraîneur pour passer au niveau supérieur. Mon père a trouvé quelqu'un  à T., assez loin de chez nous. Cela signifiait deux heures de route pour y aller et deux heures de route pour revenir après chaque leçon. C’était loin d'être idéal, car c’était vraiment pénible pour mon père qui avait travaillé dur toute la semaine de me conduire à T. et retour.
Mon entraîneur a proposé une solution à ce problème. Il a suggéré que je passe l'été à T. Je pourrais ainsi l'aider pour ses cours et en même temps, je serais en mesure de bénéficier de quelques leçons régulières gratuitement. Je resterais avec lui dans son appartement pendant cette période. L'été a pris fin et il a suggéré que je reste un peu plus longtemps.
Je faisais vraiment de bons progrès, cela me semblait la bonne chose à faire, je suis donc resté chez lui encore quelques temps.

Mon entraîneur me faisait souvent un massage sportif après l’entrainement. Un jour cependant, il    « m'a touché » dans un endroit où il ne devait pas. J'aurais dû l'arrêter tout de suite mais j'étais en état de choc et ne savais pas quoi faire.
Après un certain temps, mon entraîneur m'a dit que je ne pouvais plus dormir sur le canapé, mais que je devait dormir dans son lit avec lui. A partir de là, les attouchements se sont produits quotidiennement. Cela a duré au moins deux ans. Le seul répit que j'avais c’était quand il allait à Bangkok. Il n'est pas difficile d'imaginer ce qu'il faisait à Bangkok!
A cette époque, il m’avait convaincu que je n'avais pas d'avenir sans lui, que j'étais un garçon peu intelligent, que mon seul espoir de progresser dans la vie était avec lui. Il me disait qu'il était mon billet pour une vie meilleure, en d'autres termes! Il a nourri mon insécurité et la rendue dix fois pire.  Il a même promis de me laisser de l'argent dans son testament. L'abus étais non seulement physique, mais aussi psychologique.

Je ne pouvais rien dire à personne de ce qui se passait, j'avais tellement honte. Je continuais à faire semblant que tout était OK.
J'ai finalement réussi à obtenir un appartement ailleurs sans lui. Je pouvais enfin dormir dans mon propre lit. Par contre, il continuait à me faire des massages après les entraînements. Je me sentais un lâche, je n'arrivais pas à lui dire d'arrêter. Je me sentais incroyablement coupable et peut-être qu’à un certain niveau, c'était de ma faute.
A deux occasions pendant des tournois, j'ai couché avec des filles,  juste pour me rassurer que j'étais normal.
Je suis arrivé à un stade où je n'en pouvais plus et j'ai décidé de me suicider. Une nuit, j'ai pris 50 paracetamol, une bouteille de whisky et ai tenté de couper mes poignets. Je me suis réveillé le lendemain matin couvert de vomi. J'ai passé les deux jours suivants à vomir. Mon entraîneur ne m'a pas emmené à l'hôpital, il savait sans doute que la vérité sortirait si quelqu'un me demandait pourquoi j'avais essayé de me suicider.
Finalement, il a déménagé à M. pour y enseigner le tennis. Il m'a laissé cependant dans un état psychologique vulnérable et je pouvais à peine me débrouiller.
Je travaillais comme entraîneur de tennis dans deux écoles privées et un hôtel cinq étoiles, mais en hiver il n'y avait pas de travail. Le premier hiver après le départ de mon entraîneur, j’ai travaillé sur un chantier avec mon frère juste pour m'en sortir financièrement. Le deuxième hiver encore une fois, j'étais dans une situation désastreuse, sans travail et sans argent. Mon ancien entraîneur a suggéré que je passe l'hiver à M. avec lui et qu'il me trouverait du travail. Je savais ce que cela signifierait mais je n'avais pas d'argent et pas de travail. J'ai donc passé l'hiver à M., où là encore, je devais partager un lit avec lui.
Il regardait des films gay pornographiques pendant la nuit quand il ne pouvait pas dormir, cela me réveillait souvent et je devais rester là à écouter le bruit des hommes ayant des rapports sexuels. Dans ces conditions, j'ai fait des choses dont j'ai honte. Cela a laissé une profonde cicatrice mentale et émotionnelle en moi.
J'avais perdu tout sens de la dignité, je me sentais mort à l'intérieur. Je me sentais un échec, je me détestais. J'étais arrivé au plus bas!
J'ai commencé à comploter pour le tuer avec un marteau, je voulais juste être libre de lui et je ne voyais pas d'autre moyen d'échapper à ses griffes. Il avait une sorte d'emprise sur moi. Heureusement, je ne suis pas allé jusqu'au bout de mon idée.

Je me souviens être allé me coucher sur un rocher et j'ai crié à Dieu de me tuer, de prendre ma vie parce que je ne voulais plus vivre. Au lieu de prendre ma vie, Dieu a ouvert mes yeux et j’ai commencé à voir ma situation dans une nouvelle lumière. J'ai compris que je devais partir loin de lui pour toujours. Dieu m'a donné la force et le courage de dire enfin non. Après toutes ces années, je me sentais libre, j'avais été aveugle mais désormais, je pouvais voir. Je suis parti de M. et je n’y suis plus retourné.

Dieu a commencé à se révéler à moi à travers sa création. Je me suis acheté une Bible et j'ai commencé à la lire. Alors j'ai décidé d’aller à l'église. Je me sentais comme une nouvelle personne, je ne sentais plus la culpabilité ou la honte, Dieu m'avait lavé et guéri. Dieu est devenu très réel pour moi. J’ai commencé à parler avec lui et il me parlait par sa Parole écrite.

Peu de temps après j'ai rencontré G. Elle était à T. pour apprendre l'anglais. Elle séjournait avec quelqu'un qui travaillait dans le même hôtel que moi. Quand il a vu qu'elle avait une raquette de tennis, il lui a dit qu'il y avait un entraîneur de tennis à l’hôtel, si elle s'intéressait à prendre quelques leçons. Elle a donc pris quelques leçons de tennis avec moi. Après son retour dans son pays, nous avons commencé à nous écrire. Je voulais qu'elle sache tout au sujet de mon passé, j'ai donc tout écrit dans une lettre. Elle était chrétienne et elle ne m’a pas jugé du tout. Elle m'a aidé dans ma nouvelle foi en Dieu. Elle est revenue en Angleterre pour voir si nous pourrions peut-être commencer une relation. Je lui ai dit que nous devrions rester amis, mais après l'avoir quitté j'ai réalisé  que je faisais une erreur énorme.
Je me suis déplacé dans son pays pour être avec elle et nous nous sommes mariés. Je me rends compte maintenant que c'était Dieu qui a envoyé G. dans ma vie. Elle me dit toujours que Dieu lui avait dit que je serais son mari un jour.

Depuis, je continue à grandir dans ma foi et Dieu est plus réel pour moi aujourd'hui que jamais. Il ne m'a jamais laissé tomber, il a toujours été avec moi tout au long des hauts et des bas, il a été fidèle même quand j'ai été infidèle.
Dieu est réel, je sais qu'il y a un Dieu à cause de ce qu'il a fait pour moi et est en train de faire pour moi. Je l'aime plus que la vie elle-même, il est tout pour moi. Quand j'ai essayé de me tuer, il m'a sauvé.
Son nom est Jésus, Il m' aime et il est mort sur une croix pour me sauver. Il est mon Sauveur et mon Seigneur et je l'aime.

Sur le plan émotionnel et psychologique j'ai encore besoin de guérison, mais avec l'aide de Dieu, je fais mon chemin.
Il a été incroyablement difficile d'apprendre à faire confiance aux gens. J'ai encore beaucoup de chemin à faire mais je sais que Dieu me guidera et Il sera toujours avec moi.


Je sais que Dieu existe et il vit en moi par son Esprit. Il ne me quittera jamais, ne m'abandonnera jamais et un jour, je serai avec lui et il essuiera toute larme.

Je ne peux pas prétendre être sans reproche dans tout ce qui m'est arrivé parce que j'étais faible et lâche, mais je sais que Dieu m'a pardonné et il m’aime. J'ai été lavé par son sang précieux.

Je lui donne toute la gloire !                                                                                                       L.

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